REUNION MENSUELLE

REUNION MENSUELLE CHAQUE DERNIER VENDREDI DU MOIS

jeudi 18 février 2016

Notre engagement : comment est-il né ?

Je m'appelle Sébastien GAY. Je suis le président de l'association "Fort(e)s et fier(e)s". Depuis que je suis jeune, j'ai toujours été rond. J'ai eu droit aux regards de travers et aux réflections de mes camarades durant tout mon cursus scolaire. Parfois touché, parfois lassé, j'ai su laisser glisser ces remarques pour me construire une personnalité propre à m'éviter de trop souffrir de cette différence contre laquelle, on ne cessait de me donner des remèdes. Mange moins, fait un régime, mets-toi au sport ! Comme vous, sans doute, j'ai reçu tous ces conseils, qui, sans être issus de personnes mal intentionnées, car souvent, ce sont ceux que l'on aime, ou qui s'inquiètent de nous qui nous les distillent, font mal, malgré tout. Car qui peux dire "Je suis gros, car je l'ai choisis." Nous n'avons pas choisis. Mais, aujourd'hui, nous sommes ainsi. Je me souviens très bien ce jour d'octobre 2013 où, ma femme et moi, nous nous sommes rendus à une conférence sur le surpoids organisée par la Mutualité Française au Centre des Congrès de Saint-Etienne. Nous espérions entendre un débat, ou tout du moins, voir évoquer la situation et le quotidien des personnes en surpoids. Nous fûmes violemment douchés, dès notre entrée dans la salle. Autour de nous, uniquement des personnes minces. Pas une seule personne en surpoids, à part nous. Quelques regards qui nous furent lancés montraient bien l'incongruité de notre présence. Le colloque fût encore plus cruel. Loin d'évoquer la difficulté de vie dans notre société des personnes en surpoids, on les stigmatisaient. Pour les spécialistes, (médecins, chirurgiens, et autres scientifiques) la personne en surpoids se déclinait en cas, et en étude de cas. Considéré, d'après les sociologues la plupart du temps comme des personnes issues des couches défavorisées de la société, souvent limités à des emplois précaires, bénéficiant d'un faible niveau scolaire, la personne obèse devait obligatoirement maigrir, car son surpoids entraînait nécessairement des risques pour sa santé, qui allaient peser sur la Sécurité Sociale et donc, sur la société. J'avais l'impression, à entendre cela, d'être un handicapé sous l'ère nazie, qui devait être éliminé pour le bien de la communauté. Le parallèle est fort, mais entendre ce genre de propos de la part de gens qui, ayant fait profession de médecins, se doivent d'être à l'écoute de la souffrance humaine, cela dépassait aussi l'entendement. Enfin, pour finir, nous eûmes une présentation détaillée des différentes techniques chirurgicales pour réduire, détourner, découper, ou soustraire l'estomac des cas d'étude, pour en faire de futurs "maigres heureux". Nous sortîmes écoeurés avec mon épouse de la salle, lorsque nous fûmes rattrapés par une dame, nous tendant un flyer de son association. Association dont le seul but est de favoriser l'accès des obèses à l'opération salvatrice. Ce fût la goutte d'eau ! Dès lors, naquit l'envie de créer une association, non pas dans le but de faire des personnes fortes de futurs maigres, mais bien au contraire, prendre les gens comme ils sont, écouter leurs souffrances, leurs joies. Echanger ensemble, pouvoir vivre, pleinement, et heureux. Voilà comment est née cette idée.